Le président français Emmanuel Macron a annoncé un appel franco-allemand conjoint pour retarder d'un an les dispositions de la loi sur l'IA de l'Union européenne régissant les systèmes d'intelligence artificielle à haut risque lors du sommet sur la souveraineté numérique européenne à Berlin.
Il a ajouté que ce temps devrait être utilisé pour accélérer l'innovation. Le sommet a réuni d'importantes figures du secteur technologique, notamment des représentants de SAP SE et de la startup française d'IA Mistral. Il était axé sur l'avancement de la souveraineté numérique européenne et la réduction de la dépendance vis-à-vis des entreprises technologiques américaines dominantes.
La Commission européenne prévoit de présenter un projet de loi "omnibus numérique" conçu pour simplifier à la fois les réglementations sur la protection des données et la loi sur l'IA elle-même. Certaines dispositions de la loi sur l'IA sont déjà en vigueur, mais les exigences directement liées aux systèmes d'IA à haut risque restent vivement contestées. La pression de la France et de l'Allemagne pour retarder la mise en œuvre témoigne des complexités impliquées.
Les systèmes d'IA à haut risque englobent les technologies d'IA qui pourraient avoir un impact sur la santé et la sécurité. Ces systèmes sont soumis à des exigences réglementaires strictes visant à atténuer les risques, et les entreprises ont jusqu'à août de l'année prochaine pour s'y conformer pleinement.
Lors d'un discours au sommet sur la souveraineté numérique de l'UE à Berlin, Macron a déclaré : "Sur la loi sur l'IA, nous demandons un report de 12 mois de la conformité pour les systèmes d'IA à haut risque. C'est nécessaire, également, d'utiliser ce temps pour accélérer notre agenda d'innovation."
Cette déclaration intervient dans un contexte de préoccupations des leaders de l'industrie européenne et des décideurs politiques concernant les défis pratiques liés à la conformité à la loi sur l'IA telle qu'elle est actuellement conçue.
Anne Le Hénanff, ministre française chargée de l'IA et des affaires numériques, soutient également le report, déclarant : "La loi sur l'IA comporte désormais trop d'incertitudes. Ces incertitudes ralentissent notre propre capacité à innover."
Elle a ajouté que les États-Unis et la Chine sont en tête de la course à l'IA et que l'Europe ne peut pas se permettre de restreindre la capacité d'innovation de ses propres entreprises, surtout à un moment où l'Europe tente de réduire sa dépendance à l'égard de la technologie américaine. Le ministre allemand de la Numérisation et de la Modernisation du Gouvernement, Karsten Wildberger, a également fait écho à ce sentiment, ajoutant qu'"il est important de poursuivre cette conversation car le monde évolue si rapidement que nous devons continuellement retravailler les règles."
La proposition de la France et de l'Allemagne reflète la pression des entreprises technologiques et des groupes industriels qui font pression sur la Commission européenne pour retarder l'application jusqu'à ce que des normes techniques claires et des codes de pratique soient établis.
Des pays comme Bruxelles et le Danemark soutiennent le report de la loi. Bruxelles souhaite suspendre les amendes pour violations jusqu'en août 2027, tandis que le Danemark a plaidé pour une prolongation, arguant que les petites entreprises ne sont tout simplement pas prêtes pour certaines des règles les plus strictes.
Les leaders de l'industrie soutiennent que précipiter l'application sans normes finalisées risque d'étouffer l'innovation. "Nous n'excluons pas ex ante tous les risques. Construisons d'abord les produits, puis prenons très au sérieux la façon dont ces produits fonctionnent, qu'ils sont sûrs, que nous avons les bons processus en place", a ajouté Wildberger.
Le Parlement européen est divisé sur la pression franco-allemande visant à reporter l'application de la loi sur l'IA, certains députés européens avertissant qu'un retard affaiblirait la crédibilité du Parlement en matière d'élaboration de règles numériques et inviterait à davantage de lobbying industriel, tandis que d'autres soutiennent qu'une flexibilité limitée est nécessaire pour éviter d'entraver l'innovation des entreprises européennes.
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